Les filles du siècle : Satin Grenadine, Séraphine, La capucine
Louise (La capucine), Lucie (Satin Grenadine) et Séraphine, ou le destin de trois toutes jeunes filles à la fin du XIXème siècle, trois destinées différentes qui cherchent à s’émanciper, quelque soit leur milieu d’origine.
Lucie, née dans une famille de la bourgeoisie parisienne, se projette uniquement dans un futur XXème siècle plein de promesses de multiples libertés pour la femme. Le retour à la réalité est brutal et c’est avec les domestiques que sa mère l’envoie apprendre son futur métier d’épouse. La suite ne va pourtant pas se passer comme prévu.
Séraphine est née pauvre avec comme seuls repères un vieux prêtre et une couturière qui l’héberge autant qu’elle l’exploite. Montmartre ne lui suffit plus. Elle s’en remet alors à Sainte Rita pour prendre en main son destin et celle-ci ne va pas faillir à sa mission pourtant désespérée !
Louise travaille chez un maraîcher à Bobigny, elle est douée, à la main verte, et si son patron ne la battait elle serait presque heureuse, alors que pourtant elle ne voit quasiment pas sa mère, domestique dans une maison parisienne. Après une énième raclée elle décide de s’enfuir à Paris auprès des deux seules personnes qu’elle connait, sa mère et sa protectrice, Bernadette. Elle voudrait devenir son propre patron dans le futur, mais, pour l’instant, Louise a seulement 13 ans…
Marie Desplechin brosse dans les trois tomes des filles du siècle un tableau assez complet de la fin du XIXème siècle, à Paris ou dans sa proche banlieue. Ses trois héroïnes se rêvent libres dans un Paris qui se reconstruit doucement après la Commune, ses massacres et ses espoirs brisés.
L’autrice utilise avec merveille les mots dans une langue accessible à tous, adolescents comme adultes. Romans jeunesse, ces trois livres se lisent à tous les âges autant pour les histoires qu’ils racontent que pour la description de ce XIXème siècle finissant. Les 3 tomes permettent au jeune lecteur (mais pas que ! ) de faire une première découverte de la société sous la IIIème République (la vie quotidienne de différentes couches sociales), de la tragédie que fut la Commune et de la vie économique de la capitale avec les Halles, véritable poumon de Paris. J’ai retrouvé dans certains passages descriptifs et vivants Zola et les Rougon Macquart.
Les trois romans peuvent se lire ensemble ou séparément, cela ne gêne en rien la compréhension, mais c’est néanmoins un plaisir de retrouver les personnages secondaires dont les destinées se croisent dans les 3 ouvrages.
A découvrir et dévorer en famille ! Un vrai petit bonheur de lecture !
Marie Desplechin est écrivaine, autrice de livres pour enfants et adultes.
Elle a publié ses premières fictions à L’école des loisirs : Rude samedi pour Angèle, Le Sac à dos d’Alphonse, Verte.
Son premier recueil de nouvelles, Trop sensibles, paraît aux Éditions de l’Olivier en 1995.
Son premier roman, Sans moi (id), sort en 1998.
Elle obtient le prix Médicis essai en 2005 avec La vie sauve, cosigné par Lydie Violet.
La Rue de l’ours, récit de la vie du dessinateur Serge Bloch, a paru chez L’Iconoclaste en 2018.
Satin Grenadine, Marie Desplechin, L’école des loisirs, 2004
Séraphine, Marie Desplechin, L’école des loisirs, 2005
La capucine, Marie Desplechin, L’école des loisirs, 2020
Image : Emmanuelle Boucard Loirat
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