Un beau format au texte dense qui coule entre les pages.
Une pépite comme sait les éditer Le Rouergue jeunesse, qui réunit une journaliste et une peintre officielle de la marine.
Le quotidien des marins se déroule, s’écoule, s’égraine au fil des pages, des jours du calendrier et des saisons, tel un journal de bord.
Le texte emprunte du vocabulaire technique et de la poésie à ce monde marin et nous donne à voir, à sentir, à entendre, à approcher ce monde de géants.
Celui des océans, des ciels, de ces étendues tantôt bleues, tantôt noires, souvent teintées de couleurs tirées d’une palette impressionniste.
Celui de ces immenses bateaux, aux allures de coquille de noix qui courent l’horizon, pile entre le haut et le bas du monde.
Il raconte la routine, l’ennui, les surprises, les inattendus, les prévus.
Il raconte le départ du port, la traversée, les métiers du marin, les cartes, les machines. Il raconte, aussi, l’invention des dimanches.
Un album où il est question du temps qui glisse et qui stagne. Le temps qu’on occupe, qu’on laisse filer, qu’on aimerait plus rapide. Le temps de la montre, celui de l’eau, celui du ciel. Celui qui est rythmé, compté, coupé.
La lenteur imposée et la cadence.
Anecdotes de marins et quotidien sont distillés dans ce journal de bord.
Dans la routine, les surprises font toujours irruption.
Comme si les tâches habituelles de chacun, le roulis des vagues, le moutonnement du ciel, le bruit des machines étaient des cadeaux.
Marie Détrée alterne traits verticaux et horizontaux au feutre, séries parfois bousculées par une courbe, une arabesque qui rompt la régularité du dessin et la monotonie de la traversée.
Les couleurs éclatent. Sa technique évoque celle de la gravure au burin où la densité des traits accueillent les ombres ou laissent passer la lumière.
Un album que je ne me lasse pas de parcourir.
Un cadeau pour tous les âges.
L’invention des dimanches, Gwenaëlle Abolivier et Marie Détrée, Le Rouergue, 2022
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