Mathilde Poncet nous offre cet album comme un spectacle.
Le texte a des airs de chant. Celui du vent dans les montagnes jurassiennes. Celui des oiseaux dans le frémissement des feuilles. Celui du ruisseau qui court. Celui du sol que battent les chevreuils, sangliers, cerfs, de leurs pattes.
A la lecture, la langue frémit et les voix surgissent.
La montagne sera l’écrin de ce récit aux airs de conte.
Le lynx, gardien de la forêt, se cache du chasseur qui, vengeur, le traque. Les animaux de la forêt appellent à l’aide la couturière pour que, de ses mains de tisserande magicienne, elle sauve le lynx.
Le décor est planté par les personnages, qui, chacun leur tour, livrent leur point de vue. La narration, portée par la répétition dans les premières pages se déroule ensuite au fil des interactions entre le lynx, le chasseur, les animaux et la couturière. Car ils sont tous liés les uns aux autres. Et dans la montagne, ils puisent leurs racines.
La palette de couleurs de Mathilde Poncet est chatoyante, enivrante et ses illustrations tricotent ce que le texte ne dit pas.
Les plus froids gris, bleus, verts laissent la place aux ocres, roux, rouges qui s’ouvrent à leur tour sur des roses et prune.
L’autrice-illustratrice joue sur les techniques pour nous donner à voir une montagne et sa forêt tantôt sauvages, tantôt bienveillantes.
Les grandes étendues aqueuses dont toute la richesse est dans la nuance sont brodées de détails qui leur donnent du relief, de la vie, du singulier.
Les doubles-pages sont enveloppantes, à la manière du lynx, la montagne nous pare de son plus beau manteau.
Un coup de foudre.
La peau du lynx, Mathilde Poncet, Les fourmis rouges, 2023
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